Hier j'ai revu mon ami Maxime.
Hier j'ai revu un ami que je n'avais pas vu depuis plusieurs années. Et on a parlé. Dans la rue. Sur le trottoir on était comme dans un salon de thé, et on discutait.
On a parlé de tout et de rien mais ça n'avait pas d'importance puisqu'on pouvait juste dire quelques phrases qui avaient un sens.
Ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Avec lui.
Rien que de le voir me regarder, de voir ses yeux regarder les miens, au fond des miens, sans me sentir...
Rien que de le regarder m'écouter avec les yeux, juste ça. Ça m'a fait un bien fou. De le revoir aussi bien.
J'avais oublié à quel point il était grand. Un quatre-vingt-quinze, deux mètres. Et il se tenait de toute cette longueur qu'il n'assumait pas encore très bien comme l'assume mal tout les grand très minces. Il avait fait moins grand et j'avais oublié de lever la tête pour l'atteindre. J'avais même oublier qu'à une époque il ne m'avais pas fuit.
J'avais oublié et secrètement, pendant qu'il prenait la parole, je lui en demandais pardon. J'avais oublié l'être humain qu'il avait été.
Comme tout le monde à une certaine époque, je n'ai vu qu'une rupture de contacte s'immiscer inéluctablement entre un être et sa raison. J'ai vu que la raison était un bien que l'on pouvait simplement égarer en chemin. Comme des clefs.
Il avait commencé par la ranger de cours instants. La glissant dans une poche obscure de son cerveau à des moments. Des moments que l'on cernait aisément au détour d'une conversation ou d'un coin de rue en tombant sur ce jeune homme au regard momentanément inconnus. Ces moments se faisaient de plus en plus fréquents.
De plus en plus loin, à chaque fois, nous tentions d'aller le rechercher, au fond de ses propres yeux où brûlait encore une petite lueur de conscience. On partait en croisade de plus en plus souvent.
Par moments, qui se multipliaient à une allure incroyable, personne ne le trouvait. On sais qu'il était quelque part derrières cette masse qui vous regardaient, mais il est impossible de savoir où. Et puis, il faisait si noire là-dedans.
On sentait sa conscience telle un ballon de baudruche, énorme, tendu par l'hélium, qui avait été encré au sol par de faibles racines de la raison et qui s'était envolé très loin au fond de ce cerveau défaillant, un jour que Maxime était tombé sur le nœuds du ballon et l'avait défait.
Nous sentions, même nous qui le voyions partir, à l'époque, que plus les jours passaient, plus le ballon s'éloignait implacablement.
C'est un regard qui était de plus en plus perdu au fond de son trou qu'il nous était donné de voir. Perdre l'esprit. Un être perdu...
A une certaine époque, il l'était.
J'en suis resté là. Nous en sommes tous resté là.
La peur de nous perdre dans les chemins inextricable de son esprit peut-être, nous a fait à tous lâché prise.
Maxime.
Un jour, un jour très précis, ma mère est venu me voir dans la cuisine. Et calmement, elle me demanda de ne pas me tenir à porté de ses mains.
Surtout s'il insiste pour te voir, a-t-elle fini par rajouté. Je n'ai posé aucune question.
Je suis avec lui aujourd'hui depuis au moins trois quart d'heure et malgré tout je reste dans l'expectative de voir son regard se perdre une fraction de seconde. Et puis de le voir furtivement revenir à la réalité, espérant que je n'ai rien remarquer. Mais nous nous regarderions. Je l'ai vu et il le sait. À se moment lui viendrait l'idée qu'il a longtemps détesté et selon laquelle je suis "au courant" et que je vais devenir gênant bientôt.
Tout ceux qui l'on connu à une certaine époque n'auront plus jamais le même comportement.
Je m'en rends compte alors qu'il me parle. Je l'observe. Je ne l'écoute que d'une oreille, l'autre étant tournée vers ses yeux, ses doigts – est-ce qu'il les croise comme un enfant le ferait pour conjurer une promesse qu'il ne peut pas tenir? Et au jour d'aujourd'hui, je suis agréablement surpris...
Il semble avoir gagné en patience, en sagesse, même, un peu.
Il est heureux de me revoir. Ça lui fait plaisir. C'est vrai que ça faisait longtemps, il croit. Il n'a pas compter. Il va mieux, vraiment. Il a beaucoup parlé durant une certaine époque et ça lui a beaucoup servi. Et il me regarde ravi.
Mais,... j'ose le dire ? Je n'y ai pas cru une seconde, et j'attends patiemment qu'il se réveille. Qu'un nystagmus trop voyant me rappelle enfin au Maxime que j'ai connu. Pas le vrai Maxime, c'est vrai, mais pour ceux qui l'on connu à cette époque-là, aujourd'hui il ne peut y en avoir d'autre.
Les autres n'existent plus et s'il a réellement changé à présent, c'est pour mieux nous revenir comme celui que l'on a appris à connaître. Car avec ce dernier l'habitude a pénétrée au plus profond de nous et le dérapage est derrière chaque geste. Geste des doigts, des épaules, chaque regard de travers. De travers car dans la tête de Maxime, comme dans celle des requins, lors d'une attaque physique imminente, il ne faut jamais exposer ses propres yeux directement, ça peut être néfaste.
C'est pour cette raison que nos yeux ne suffisent pas lorsque l'on discute avec maxime et qu'une oreille qui peut déceler les moindres variation de la voie est la bien venue pour prévenir une agression. Alors il ne nous reste qu'une oreille pour la vrai vie, aujourd'hui. C'est comme ça, maintenant.
Je pense qu'il le comprendrait s'il savait. Lui, il était ailleurs.
Il y a si longtemps maintenant.
Peut-être pas temps que ça après tout. Peut-être que pour lui le temps passe plus vite. Et peut-être que c'est pour ça qu'il est revenu. Peut-être qu'il a méditer un plan durant toutes ces années. Un plan pour chacun de nous. Ses parents ses amis, et les médecins n'y on vu que du feu car ils ne savent pas ce qu'il est.
Ce n'ai pas ce qu'il a toujours été, mais, maintenant c'est ce qu'il est au plus profond. Et il est revenu pour ça. Parce qu'il n'a pas oublié que je l'avais vu et que ça pouvait lui être fatale.
Fatale selon Maxime.
Il nous a tous un peu perdu dans sa tête.
Peut-être a-t-il vraiment changé. Peut-être s'est-il retrouvé un chemin dans sa tête.
Il a l'aire d'aller mieux en tout cas.
Il est plus grand que je ne l'avais imaginé au travers mes souvenirs. Et il se tient encore un peu courbé. De cette courbure qui rend les grands touchants.
Et alors qu'il me parlait, aujourd'hui, j'ai senti mon pouls battre plus fort, j'ai senti mes narine se gonfler pour mieux sentir les odeurs, j'ai senti ma pupille se contracter un peu pour mieux observer, et mes oreilles s'ouvrir au aguets, comme un animal traqué : j'ai senti un danger proche, sans savoir où et s' il allait approcher. Comme un animal aux aguets.
... Des restes d'il y a quelques années.
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