dimanche 3 janvier 2010

Voilà pourquoi les enfants n'aiment pas dormir

Cette douce mélodie montait à leurs oreilles lorsqu'ils apprenaient la nouvelle.
Ils étaient tous étendu dans l'herbe d'été. Verte et grasse.
Étendus là. Et ils écoutaient.
Les flots de paroles jetés par Alexandra tombaient de sa bouche. Les mots semblaient se trainer sur le gazon. Ils se trainaient difficilement, sans doute à cause de la signification qu'ils avaient et qui les rendaient lourds et graisseux.
C'est quand il arrivait à la première oreille de celui qui était le plus près que le premier mot arrêtait son voyage.

Ils étaient cinq étendu là. Ils étaient cinq à donner leur vie aux lèvres d'alexandra pour qu'elle continue à leur raconter lentement, trop lentement semble-t-il, le récit de ce qui était arrivé aux deux frères.
Une lenteur qui devenait au fur et à mesure surréaliste.
Et chacun d'eux écoutait, saisissant chacun leur tour les mots qui arrivaient à leur oreilles après leur long voyage. Brulés par le soleil. Les mots avait cette chaleur qu'on ne peut entendre qu'en été.

Aucun mot n'est aussi lourd en hiver.
Et aucun mot n'est aussi brûlé qu'en été, quand ils voyagent avec lenteur.
La mélodie qui passait à la radio devenait de plus en plus forte. Gênante. On l'entendit tellement qu'on se mis à ne plus comprendre ce qu'Alexandra disait. On se mit à la faire répéter. Cette musique... On se mit à se concentrer sur ses lèvres et on se mit à froncer les sourcils.
Puis on éteignit la radio.

Le soleil fit tout d'un coup mal aux yeux. Le ciel était d'un bleu profond et les garçons mettaient leur main en pare-soleil car alexandra était restée debout.
La musique qu'ils oublièrent aussi tôt qu'ils avaient éteins l'émetteur s'incrustait insidieusement au fond de leur mémoire comme un rappel. Un rappel qu'ils ne comprenaient toujours pas des années après. A chaque fois que passait la chanson If 6 Was 9 et qu'ils s'arrêteraient dans leur tâche pour écouter juste une seconde.

Et Alexandra était là, victorieuse, puisqu'elle était la première à leur dire ce qui était arrivé, et qu'à cet age-là c'est important de faire quelque chose en premier. Quoique ce soit. N'importe quoi, même le pire.

Le pire... c'était, en cet instant précis, les cinq jeunes garçons qui le créaient de toute pièce dans leur cerveau, au travers l'histoire qu'ils entendaient comme venant d'une autre planète. Incroyable. Ils est impossible que sur terre arrive quelque chose comme ce qui était arrivé il y a deux nuits, alors qu'eux-même étaient entrain de dormir.
De dormir. Ils s'en voulaient de ne s'être trouvé là-bas, à quelques quatre pâtés de maison pendant que deux jeunes frères s'entre tuaient portés par leur folie. Ils s'en voulaient de ne pas avoir été là pour voir une succession d'abomination que personne ne peut concevoir, encore aujourd'hui. Ils s'en voulaient parce que, ils le surent à l'instant même où ils entendaient Alexandra raconter ce que tout le monde disait, il s'était passer dans cette maison, cette nuit là, des horreurs qui n'existe pas sur terre. Sauf cette nuit là. À quatre patés de maison. Et ils dormaient.
Au lieu de regarder.

Cette idée était tout simplement insupportable. Celui qui est resté seul chez lui tout une soirée, qui s'est ennuyé à mourir, et qui a appris le lendemain que son idole de toujours cherchait, en bas de chez lui, un endroit où dormir, celui qui a vécu cela sait ce que ces cinq garçons avaient dans la tête, alors qu'ils entendaient cette Alexandra leur raconter ce qu'ils auraient dû savoir avant tout le monde. Car ç'aurait dû être eux qui devraient aller de maison en maison pour raconter leur roman.

Le plus grand, dorénavant, détestera par dessus tout perdre du temps.
Par principe, ils ne cessera de raconter autour de lui, ainsi qu'à ses quatre enfants, puis à ses treize petits-enfants, que l'expérience lui a appris qu'en perdant son temps on risque de rater une occasion de faire quelque chose de bien. De faire, rajout-il souvent, quelque chose qui aurait pu changer sa vie les enfants. Et il ne vous resterait que les regrets de n'avoir pas été là. Allez vous amuser maintenant; j'ai déjà assez pris votre temps.
Et les petit-enfants de terminer en disant « à tout-à-l'heure Papi ». Ils l'appellent papi, et lui regrette encore de ne pas avoir vu.